Fille d’un employé de banque, Jacqueline Gauthier est née à Paris, le 7 octobre 1921. Enfant, elle rêve de devenir danseuse mais c’est un professeur de français qui convainc sa mère, de la diriger vers le métier de comédienne. Madame Gauthier décide alors de présenter sa fille à Louis Jouvet, et si le maître acquiesce, elle soutiendra sa fille. Jouvet lui prédit des rôles à la Arletty ou à la Spinelly et l’incite à poursuivre dans cette voie.
Recalée trois fois au Conservatoire, Jacqueline Gauthier débute malgré tout sur scène en 1938 et devient célèbre l’année suivante lorsqu’elle reprend le rôle créé par Alice Cocéa dans «Histoire de rire» d’Armand Salacrou. Dès lors, elle reste fidèle toute sa vie au théâtre et y mène un brillant parcours. On ne s’étonne pas de retrouver cette pétillante comédienne à l’affiche de plusieurs pièces d’André Roussin: «L’école des dupes» (1949), «La main de César» (1951), «Le mari, la femme et la mort» (1954 et 1956), «La petite hutte» (1958) et «La coquine» (1961). Parmi les autres œuvres qu’elle joue, on peut citer, entre autres, «Dans sa candeur naïve» (1942) de Jacques Deval, au théâtre Daunou; «Félix» (1952/53) d’Henry Bernstein, aux Célestins de Lyon et en tournée; «L’école des cocottes» (1957) de Paul Armont et Arnaud Gerbidon, au théâtre des Arts; «L’effet Glapion» (1959) de Jacques Audiberti, au théâtre La Bruyère; «Quarante carats» (1967) de Barillet et Grédy, au théâtre de La Madeleine; «Occupe-toi d’Amélie» (1969) de Georges Feydeau, à La Madeleine; ou encore «Reviens dormir à l’Elysée» (1980/82) de Jean-Paul Rouland et Claude Olivier, à la Comédie Caumartin et en tournée.
Ayant débuté à l’écran en 1938, Jacqueline Gauthier doit attendre 1942 pour que sa carrière de vedette de cinéma prenne son envol. Elle est alors l’interprète de, notamment, «Huit hommes dans un château» (1942) de Richard Pottier, «Le mort ne reçoit plus» (1943) de Jean Tarride, «La femme fatale» (1945) de Jean Boyer, «Les maris de Léontine» (1947) de René Le Hénaff, «L’extravagante Théodora» (1949) de Henri Lepage, «Coq en pâte» (1950) de Charles-Félix Tavano ou «Ils ont vingt ans» (1950) de René Delacroix. Elle est en outre la partenaire des chanteurs en vogue Charles Trénet dans «Frédérica» (1942) de Jean Boyer, Tino Rossi dans «Sérénade aux nuages» (1945) de André Cayatte et Georges Guétary dans «Les aventures de Casanova» (1946), une nouvelle fois sous la direction de Jean Boyer.
Lassée de l’image légère et fantaisiste dans laquelle l’enferme habituellement le Septième Art, Jacqueline Gauthier délaisse celui-ci après «Elle et moi» (1952). Elle n’y fait qu’un seul retour pour «La terreur des dames» (1956), adapté de «Ce cochon de Morin» de Guy de Maupassant. Ses incursions au petit écran sont la plupart du temps marquées du sceau du théâtre, qu’il s’agisse de téléfilms adaptés de pièces ou de ses six participations à la populaire série de Pierre Sabbagh «Au théâtre ce soir».
Sacrifiant tout à son métier, Jacqueline Gauthier ne s’est jamais mariée et n’a jamais eu d’enfants. La nouvelle de son suicide, le 18 septembre 1982, surprend tous ceux qui voyaient en l’actrice un exemple de rayonnement et de gaieté. Sans doute l’aspect enjoué de son personnage cachait-il un certain mal de vivre…